« (…) Mes parents habitaient tout près d’ici. Ils avaient eu sept enfants. Tout le monde a été tué, je suis la seule survivante. Comme je suis restée seule, je n’ai pas eu la chance de terminer mes études. On vit avec les tueurs, car on n’a pas d’autre choix. Bien sûr, il est préférable de pardonner, mais uniquement à celui qui a demandé pardon après avoir avoué tout ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait. On peut alors pardonner, car le pardon est nécessaire dans la vie. Mais quand on a la malchance de revivre avec eux sans qu’ils aient révélé toute la vérité, qu’il existe encore quelque chose de caché, surtout quand il s’agit de savoir où se trouvent les corps des nôtres pour les enterrer, alors je dirais que c’est comme un chemin de croix, mais que l’on doit savoir endurer. On leur dit bonjour, certains répondent peut être de bon coeur, d’autres font semblant que ça va. On essaye de vivre ensemble. Il y en a qui nous font peur, car, au fond d’eux-mêmes, ils n’ont pas changé. S’ils ne peuvent rien faire contre nous actuellement, leur langage montre qu’ils sont toujours les mêmes. Ceux-là font peur. Au contraire, les jeunes qui sont nés après sont des humains comme les autres (…)»
Uwababyeyi Odette, cultivatrice